[Lettre Ouverte] Lettre ouverte au ministre de l’éducation nationale et de l’alphabétisation du Burkina Faso
Monsieur le ministre,

En vous écrivant cette lettre, je ne sais par où commencer. Ayant été élève, puis collégien puis lycéen, tout en étant fils de professeur au Burkina Faso, je m’alarme des programmes scolaires au Burkina, de plus, la chance qui m’a été donné de continuer mes études à l’extérieur du Burkina m’a encore plus conforté dans le fait que notre système éducatif manque cruellement de reformes, notamment en terme de programme scolaire.
J’ai discuté avec beaucoup de professionnels de l’éducation primaire et secondaire (des discussions qu’on peut écouter sur la page Facebook Radio Miirya), il est apparu que je suis loin d’être le seul à notifier une incohérence dans le système éducatif du Burkina.
1. On note premièrement que nos programmes scolaires ne sont pas
adaptés à notre pays. Nous apprenons encore aujourd’hui, en majorité,
des choses qui ne nous sont pas essentiels. Apprendre l’histoire du
monde est tout à fait normal, mais apprendre le Burkina d’abord est
prioritaire. Nous devons connaitre plus en profondeur notre pays, notre
histoire, nos valeurs. Nous passons plus de temps à apprendre l’histoire
de la France, de l’Europe, du monde arabe, de la première et seconde
guerre mondiale et pourtant nous ne connaissons pas assez bien le
Burkina. Pour comparaison, des pays comme la France justement, le Japon
et les Etats Unis d’Amérique ne connaissent quasiment rien de nous. Ils
apprennent en priorité leur pays. Certains professionnels de notre
système éducatif dénoncent de la désinformation et un apprentissage qui
n’est pas si bénéfique que ça aux élèves Burkinabé.
2. Nos programmes scolaires ne mettent pas en avant les atouts du
Burkina. Il y a une manière assez péjorative de raconter notre histoire,
ce qui apporte un désamour pour notre pays et pour ses habitants. Nous
devons faire l’apologie de notre pays, de ses qualités, de ses atouts,
sans pour autant oculter les problèmes qui se posent à nous.
3. Il est aussi noté que nos outils d’éducation sont conçus et produits
en dehors de notre pays, nous avons pourtant les personnes qualifiés
pour produire ces outils ce qui nous serait plus profitable et pour
l’éducation et pour l’économie de notre pays.
4. Notre système éducatif forme comme prototypes des personnes qui ne
sont plus adaptés à nos réalités. Pas mal d’élèves et étudiants
dénoncent un système qui poussent tous les élèves et étudiants à vouloir
intégrer la fonction publique par des concours et encore des concours;
et pourtant nous savons bien que la fonction publique ne peut plus,
comme il le faisait auparavant, absorber tous les diplômés qui sortent
chaque année. Pour cela, susciter en nos élèves l’envie de l’initiative
privée serait une belle solution, d’autant plus que le monde actuel est
basé surtout sur cette initiative privée, qui va pousser notre économie
et notre système social de l’avant.
5. Notre éducation a tendance à dévaloriser le travail manuel. Quasiment
tous les élèves veulent travailler dans un bureau climatisé et pourtant
le travail manuel a besoin de professionnels qualifiés pour l’essor de
ces différents domaines comme la menuiserie, la maçonnerie,
l’agriculture, l’élevage et j’en passe. Pourquoi ne pas apprendre aux
jeunes élèves et les valeurs et les vertus de ces domaines qui offrent
de belles perspectives économiques pour notre pays? Pour cela, intégrer
très vite dans nos formations des ateliers qui susciteraient des
vocations.
6. Le rythme scolaire est très intense, ce qui empêche la jeunesse de
mener d’autres activités comme le sport ou donner la chance à ceux qui
le veulent de developper en parallèle de leurs études d’autres
activités.
7. Il faudrait aussi noter que l’école ne joue pas pleinement son rôle
d’éducateur, apprendre aux enfants les bons gestes de santé, de biens
publiques et de respect. Par exemple apprendre aux élèves que les
ordures se mettent dans la poubelle, améliorerait l’état de notre pays
en matière de salubrité.
Monsieur le ministre, nous avons constaté que notre programme scolaire, à quelques reformes prêtes, est exactement le programme scolaire laissé par les colons depuis notre indépendance, ce qui ne nous ait pas profitable, mais plutôt aux autres pays.
On ne peut pas s’attendre à des changements dans notre société si nous n’éduquons pas notre jeunesse de la bonne manière. Nous devons dès à présent instruire et éduquer nos enfants de manière à récolter les fruits dans les années à venir avec une population beaucoup plus sensibilisée aux problèmes de notre pays. Nous devons donc prendre ce problème à bras le corps pour que notre société évolue positivement.
OUEDRAOGO Ahmed Bachir B.