[Édito-Octobre: Santé et bien être ] par Ophelie Konsimbo
Un pour tous, tous pour un !
Un pour tous et tous pour un! La célèbre phrase d’Alexandre Dumas nous renvoie aux trois mousquetaires. Cette joyeuse bande d’amis qui vit de nombreuses aventures souvent bonnes et souvent moins reluisantes. Leur amitié est si intense que les compagnons deviennent une famille.
Après tout ne dis-ton pas que les amis constituent la famille que l’on choisit ?
Aujourd’hui dans ce billet il est question de la famille
qu’on ne choisit pas. De la famille biologique telle qu’elle
est et à laquelle nous appartenons de gré ou de force. Cette
famille est au centre de notre existence, de notre bien-être
mais aussi dans un registre moins gai, de nos névroses et de
divers tiraillements et de querelles. « Il n’y a rien
au-dessus de la famille » ou encore il faut se « sacrifier
pour sa famille » sont des phrases que nous avons sûrement
internaliser et qui conditionnent très souvent nos agissements.
Dans nos familles, certains vivent égoïstement et d’autres se
sacrifient perpétuellement. C’est un malheureux constat. Le mois
d’Octobre est désigné comme celui traitant du bien être à Radio
Miirya. Pour rester dans cet esprit, c’est du bien-être de
la femme au sein de la famille que nous parlerons. Maman j’ai
faim, maman où est mon sac ? chéri où est ma chemise ? Sont
des questions que nous posons fréquemment à la figure féminine
de la maisonnée. Rien d’anormal direz-vous. Pas si sûr.
Toutes ces questions démontrent une chose : la femme est
l’élément central de la maison. Tout ce qui s’y déroule passe
par elle, est géré par elle et est connu par elle dans les
moindres détails. Cette situation exténuante conduit à ce que
les psychologues appellent la « charge mentale ».
La charge
mentale est un état psychologique proche de la saturation
qu’endure de nombreuses femmes. Après avoir passé une journée
au travail, un plus grand travail l’attend à la maison :
celui de la gestion des besoins et des envies de tout le
monde. Certaines le font par devoir, de crainte de ne pas être
perçue comme de bonnes épouses ou de bonnes mères par la
société et d’autre le font tout simplement par amour. Disons
que ces deux causes s’entremêlent. Le problème est que la
situation sur le long terme devient intenable surtout avec
l’évolution actuelle des choses. Réserver les tâches ménagères,
domestiques et logistiques d’un foyer à une personne est un
fardeau écrasant qu’on lui fait porter quotidiennement. Il en
résulte pour cette personne en situation de charge mentale un
stress exacerbé, une agressivité et même parfois un vieillissement
précoce.
Monique Ilboudo, écrivaine et juriste burkinabè ayant remarqué que de nombreuses femmes peinaient à être productives au travail parce qu’elles assuraient l’entièreté des tâches ménagères mena une expérience incitative qui fut publiée dans le bulletin femme et santé de 1994. Cette expérience consistait à inciter les hommes à prendre part aux travaux ménagers et à garder les enfants, ce qui permettait aux femmes de s’investir également dans leur activité génératrice de revenus. Elle fut menée dans une communauté villageoise à Sim à 235km de Ouagadougou. Ces hommes reconnurent que la division du travail était inégale et que la vie de famille était bien plus épanouie après cette redistribution des tâches. Ils apprenaient à connaître leurs enfants et à prendre soin de leur femme autant qu’elle prenait soin d’eux. N’est-ce pas le but ultime de la famille ? prendre soin les uns des autres. Il faut donc en finir avec le mythe de la super maman/femme, qui peut tout faire, qui sait tout faire et qui n’a pas droit à l’erreur.
Pour cela, remplaçons : maman j’ai faim par maman j’ai préparé le repas et j’ai nettoyer la maison par exemple et aussi chérie tu as lavé ma chemise ? par chérie j’ai repassé les vêtements parce que tu étais occupée. Et il se peut que la famille se porte mieux, car ne l’oubliez pas : Un pour tous, tous pour un !